Réformes

Rencontres de l'U2P : les retraites au coeur du débat

Le 27/09/2019
par Samira Hamiche
L'Union des entreprises de proximité (U2P) a fait part de ses inquiétudes et réflexions sur la réforme des retraites lors de ses Rencontres annuelles, organisées le 26 septembre à la Maison de la Mutualité (Paris Ve). Un temps pour échanger sur une multitude d'autres chantiers de l'artisanat...
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Réunis le 26 septembre lors des Rencontres de l'U2P, les représentants de l'artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales ont débattu d'une variété de sujets brûlants pour les indépendants : recrutement, apprentissage, retraites, statut de l'entreprise... 

Retraites : "zéro euro de cotisation en plus" !

Au premier rang de ces préoccupations, la réforme des retraites, qui vise à mettre en place un système universel. Dix-sept mois après le début des négociations entre l'Etat et les partenaires sociaux, le président de l'Union des entreprises de proximité (U2P), Alain Griset, a rappelé le volontarisme de l'organisation. "Au coeur du pacte social et républicain", cette "réforme très technique nécessite de l’écoute et de l’attention", a-t-il souligné, plaidant pour des négociations "horizontales" entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Le président de l'U2P aura d'ailleurs un mot sur la gouvernance : "nous réclamons une représentation paritaire, l'avis du conseil d'administration devra être sollicité pour chaque concertation importante".

Déjà abstrait aux yeux d'un grand nombre d'actifs, le système de calcul des retraites sera-t-il plus compréhensible demain ? Le président de l'U2P insiste : le gouvernement devra jouer la carte de la transparence. "Avec cette réforme, les indépendants se demandent : 'combien vais-je payer pour ma retraite et combien vais-je toucher, quels droits ce régime va-t-il m'ouvrir ?'". 

Pour l'U2P, pas question de faire peser la réforme sur les patrons de petites entreprises. L'organisation plaide ainsi pour un "zéro euro de cotisation en plus". "Il serait inconcevable de payer plus de charges", a alerté Alain Griset. Quant aux réserves financières constituées par les régimes complémentaires (130 milliards au total, dont 41 milliards pour les libéraux, artisans et commerçants)... "Gare à la spoliation, un tel scénario serait un casus belli", a prévenu Alain Griset à l'adresse du gouvernement.

Réformer pour réduire l'individualisme

Invité à répondre aux interrogations sur la réforme, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye (qui a déposé ses préconisations en juillet dernier) a défendu quant à lui une réforme "répondant à une demande d’équité" et de "reconsolidation de la société".

"Nous devons mener une réflexion sur la solidarité collective, penser à sa solidité et son adaptabilité à long terme." 

Jean-Paul Delevoye

"Notre société se fragmente, elle se transforme en une communauté d’intérêts individuels et non plus collectifs", a-t-il introduit. "Nous trempons dans une atmosphère de finitude de la planète, les plus jeunes accusent notre génération d’avoir détruit la planète - ce qui est vrai - et ne croient plus au système de retraite, auquel ils estiment qu'ils n'auront plus accès". 

Face au "risque générationnel", Jean-Paul Delevoye estime que "si la confiance n'est pas restaurée, les jeunes refuseront de payer les retraites, puis l’assurance-maladie"... Restaurer l'optimisme passera également par un effort sur les salaires et cotisations des actifs... Jean-Paul Delevoye s'est à ce propos élevé contre le statut de mirco-entrepreneur, selon lui "un régime dérogatoire à limiter dans le temps".

"Pas de baisse du point"

Dans ses valises, le haut-commissaire a aussi apporté quelques promesses : "garantie qu’il n’y aura pas de baisse du point", "maintien voire réévaluation du minimum vieillesse, notamment pour les femmes", "meilleure prise en compte du statut de conjoint collaborateur" ou encore "préservation des dérogations des carrières longues". 

Pour mieux tendre l'oreille aux indépendants, Jean-Paul Delevoye s'est engagé à organiser des rencontres bilatérales avec les représentants de chacune des professions relevant de l’U2P.

Par ailleurs, une plateforme de consultation citoyenne (actuellement en construction) sera bientôt mise en ligne. Le projet de loi, lui, devrait être présenté en Conseil des ministres et déposé au Parlement dans les prochains mois.

Gouvernance et contrats d'apprentissage...

Autre temps fort de cette journée de débats, l'intervention de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, notamment au sujet de la représentativité patronale. "80% des créations d’emploi sont dans les petites et moyennes entreprises ; ce tissu est essentiellement composé d’artisans", a-t-elle reconnu.

Mais les faits sont là : "statistiquement, les négociateurs viennent des grandes entreprises", a-t-elle déploré, avant de se ranger de nouveau du côté des TPME : "le droit du travail doit partir de situations empiriques dans les entreprises : si ça marche pour les petites, ça marchera pour les grandes. L'idée n'est pas de faire entrer les mesures au chausse-pied !"

Pas d'impasse, enfin, sur le dossier brûlant du coût des contrats d'apprentissage signés à la rentrée de septembre 2019... L'exécutif n'émet toujours pas de promesse sur un délai de mise en place du "coût-contrat", mais selon la ministre, il est "sensible au sujet" et se penche actuellement sur la question.

 

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