Portrait

Bruno Bertrand : faire bonne impression

Le 08/07/2021
par Julie Clessienne
Forçat de travail, Bruno Bertrand, à la tête d’Impression Céramique, officie en terre limougeaude (Boisseuil, Haute-Vienne). Son père, Meilleur Ouvrier de France, excellait dans la peinture à la main, notamment pour Fabergé ; lui, c’est par le biais de la sérigraphie qu’il imprime de sa patte de délicates porcelaines siglées Dior, Hermès ou Cartier. Ce qui le guide ? La passion et l’exigence.
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Bruno Bertrand exerce un métier rare dans un marché de niche, pour lequel il n’existe pas de formation spécifique.

Biberonné à la porcelaine

La porcelaine ? Bruno Bertrand a toujours baigné dedans, faisant ses armes dans une usine de la région, puis pendant 30 ans dans deux imprimeries spécialisées dans les impressions céramiques.

"Quand mon dernier patron est parti à la retraite en 2012, j’ai pris la suite, encouragé par les clients", explique-t-il. Il redresse la barre faisant fi "des soucis de santé, de la frilosité des banques et d’une perte de CA de 76 000 €".

"Je me lève à 2 h 30 chaque jour et travaille jusqu’à 18-19 h : difficile sur la durée mais je veux que ça marche !", Bruno Bertrand

Malgré une baisse d’activité de 25% en 2019, son bilan s’élève à 650.000€ annuels, "uniquement grâce au bouche-à-oreille".

Révélation à la cuisson

Bruno Bertrand est sollicité par près d’une soixantaine de fabricants de porcelaine, de verre, de cristal ou de tôle émaillée. "Ils nous font part de leurs besoins, puis nous recréons les décors, en les adaptant selon la taille des pièces, en recherchant les teintes adéquates parmi les couleurs Pantone ou des métaux précieux aux patines variées." 

Les décalcomanies sont ensuite imprimées grâce à des machines de sérigraphie. À la différence d’une impression standard, c’est la cuisson, entre 580 et 1.250°, qui révélera le décor et la profondeur des couleurs." À notre niveau, l’or ressort marron, avant de dévoiler toute sa beauté à la sortie du four !", souligne-t-il.

Loin de la grosse cavalerie

Entre 200 et 1.500 feuilles sont imprimées à la journée : "Pas la grosse cavalerie quoi ! Le rythme varie grandement selon la complexité des motifs, le temps de séchage inhérent à chaque métal précieux, le nombre de couleurs, adjointes une à une…" 

"Ce travail demande une grande exigence et d’y consacrer tout son temps. Il faut donc être passionné, sérieux, appliqué et toujours à l’écoute de ses clients."

Côté décors, "on passe du coq à l’âne : de l’ultramoderne à l’ultrabasique, ou encore la reproduction de toiles de maître sur de grandes plaques de porcelaine".

Pour honorer ses prestigieuses commandes, Bruno Bertrand est entouré de cinq salariés, formés à l’imprimerie classique. Et de son épouse et sa fille qui, forte de son bac pro Arts graphiques, prendra un jour la relève…

impressionceramique-limoges.fr

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