interview

Jean-Yves Lambert, l'intellect et la pratique

Le 12/02/2016
par Mélanie Kochert
Lauréat du prix du Maître d’apprentissage 2015 dans la catégorie "Échange - Transfert de compétences et de technologies", Jean-Yves Lambert dirige Elbi, société artisanale de sous-traitance industrielle en Seine-et-Marne, reconnue pour sa production de pointe. Pour Le Monde des Artisans, il revient sur les deux faces complémentaires de l’apprentissage.
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Jean-Yves Lambert dirige une entreprise de sous-traitance industrielle.

Le Monde des Artisans : La technologie et l’innovation sont au cœur de la production d’Elbi…

Jean-Yves Lambert : Avec notre fabrication de vis à billes et à rouleaux satellites sur mesure pour machines-outils et machines spéciales, nous sommes en effet positionnés sur un créneau novateur. Des produits à forte valeur ajoutée, complexes à mettre au point, qui représentent une niche au niveau mondial. Cela nécessite de se structurer, et d’apporter tout à la fois force manuelle et connaissances techniques complexes à notre société.

LMA : En quoi le recours à l’apprentissage s’avère-t-il essentiel dans votre projet d’entreprise?

J.-Y. L : L’apprentissage esquisse moins de dichotomie entre le "faire" et le "penser". Il montre par essence que c’est aussi en mettant la main à la pâte que l’on affirme ses compétences et ses connaissances intellectuelles. Les apprentis nous aident à assurer notre développement en étant au centre de ces deux voies.

LMA : Par exemple ?

J.-Y. L : Les jeunes d’aujourd’hui se révèlent plus aptes à manier des outils modernes (CAO, tableurs, Internet) que les "anciens" ne maîtrisent pas forcément. C’est un avantage. Notre rôle consiste ensuite à leur montrer la réalité d’un système de production. L’apprentissage fonctionne pour cela, on le voit. Dans l’industrie, un jeune issu d’un tel circuit de formation se montrera souvent plus performant pour son premier travail qu’un ingénieur de parcours initial fraîchement diplômé, à qui l’on devra encore apprendre les ficelles du métier.

LMA : Vos anciens apprentis deviennent-ils vos nouvelles recrues ?

J.-Y. L : Dans le process industriel, trois éléments interagissent : un bon personnel, un bon marché et de bons investissements. Notre entreprise s’équilibre avec une douzaine de salariés et deux à trois apprentis par an. Mais au-delà des besoins qui doivent être pourvus, les embauches ne sont pas permanentes. Aussi ma perspective de l’apprentissage n’est pas de garder "absolument" chaque jeune chez nous. Même si je suis très content des apprentis que nous formons, je pense au contraire que leur donner la possibilité d’aller multiplier les expériences peut leur être favorable. Comme à nous : je sais que mes apprentis partis ailleurs feront aussi ma promotion auprès de leurs nouveaux collègues. C’est une circulation vertueuse pour le monde du travail.

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RETROUVEZ CET ARTICLE DANS LE PROCHAIN NUMÉRO DU MONDE DES ARTISANS.

 

www.elbi-france.com

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