Conjoncture

Baisse historique de l’activité dans le bâtiment

Le 16/07/2020
par Samira Hamiche
Ces derniers mois, l'artisanat du bâtiment a encaissé un choc inédit. Au 2e trimestre, l'activité s'est effondrée de 24 %, un chiffre qui dépasse de loin les tendances enregistrées durant la crise économique de 2009.
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Artisan du bâtiment travaillant sur une façade

La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) a publié le 16 juillet sa note de conjoncture du 2e trimestre 2020. Dans le contexte de la Covid-19, les chiffres indiquent sans surprise une chute brutale de l'activité.

La baisse s'est amorcée à la fin du premier trimestre, du fait des mesures de confinement : l'activité des artisans du bâtiment a alors chuté de 12 %. La situation s'est aggravée au deuxième trimestre, avec une baisse de 24 % en volume (par rapport au T2 2019). "La crise du Covid-19 a provoqué un choc inédit bien supérieur à celui de la crise de 2009", souligne le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon. Pour rappel, la chute enregistrée en 2009 s'établissait à - 5,5 % sur l'année (avec un plus bas à - 10 % pour la maçonnerie, au T4).

Baisse généralisée et reprise ardue

Tous les corps de métiers ont été affectés par ce recul. L’aménagement-décoration-plâtrerie a été le plus impacté (- 28 %), tandis que la maçonnerie affiche des pertes limitées (-19 %). La chute est brutale pour la construction neuve (- 22 %, après - 14 % au T1). Le recul est également marqué en entretien rénovation (- 25 %, après - 10,5 % au T1). 

La Capeb note par ailleurs des disparités régionales. "L’activité a moins baissé dans les zones rurales que dans les grandes villes", résume Jean-Christophe Repon. Ainsi, la baisse d'activité a été plus importante en Île-de-France (- 30 %), et dans les Hauts-de-France. Les régions Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA sont dans la moyenne nationale (- 24 %). Ont été très légèrement épargnés la Bretagne (-21 %), les Pays de la Loire (- 22 %), la Nouvelle-Aquitaine (- 22 %), le Grand-Est (- 21 %), la Bourgogne Franche Comté (-22 %) et l'Occitanie (-22 %).

Début juillet, les entreprises artisanales du bâtiment n'avaient toujours pas recouvré leur pleine activité, leur capacité de production ne s'établissant qu'à 85 %. "Si la reprise d’activité est effective début juillet, elle est pour autant subordonnée à la confiance des ménages et à l’évolution du taux de chômage qui pourraient impacter les travaux et le nombre des transactions, lesquelles pourraient chuter de 25 % en 2020", développe la Capeb.

L'activité reste entravée par des problèmes d’approvisionnement (pour 31 % des entreprises), par la réticence des ménages à engager des travaux (pour 20 % des entreprises artisanales) et par les difficultés à appliquer le guide de l’OPPBTP (pour 15 % des entreprises artisanales).

Perspectives incertaines

Côté finances, l'incertitude règne : le montant moyen des besoins de trésorerie atteint 23 000 € (contre 22 000 € un an auparavant). De nombreuses entreprises ont réclamé un Prêt garanti par l'État (PGE).

Les artisans du bâtiment indiquent souhaiter maintenir leurs effectifs. Mais la bonne volonté suffira-t-elle ? "La réalité que nous avons scénarisée fait état d’une baisse d’activité sur l’année 2020 comprise entre 15 et 17 %, soit une perte de 20.000 à 30.000 emplois", redoute Jean-Christophe Repon. Des prévisions qui laissent pour l'heure deux facteurs de côté, poursuit le président de la Capeb : "le retour éventuel du virus et l’effet domino lié à la crise économique."

>> Consulter l’intégralité de la note de conjoncture.

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