Cas pratique

De micro-entreprise à entreprise : grandir, mais pas à pas

Le 26/09/2023
par Sophie de Courtivron
Installé à Nevers (58), Benjamin Tognon, 29 ans, a commencé son activité de plaquiste (carreleur, peintre, menuiserie) comme micro-entrepreneur, puis est vite devenu entrepreneur individuel. Il nous livre ici les enseignements tirés d’une croissance rapide. Un peu trop rapide ?
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Après son CAP carrelage, Benjamin, qui a commencé dans le bâtiment à 15 ans, a été salarié en CDI d’une association gérant l’entretien de différents bâtiments. "Cela m’a permis, tout en restant salarié, d’obtenir un titre professionnel d’agent d’entretien du bâtiment, en alternance et en un an", se satisfait-il. Après être passé à mi-temps, il lance sa micro-entreprise en 2018.

Parcours éclair et aléas

Benjamin embauche deux apprentis en 2019 et un salarié en 2020. "J’étais alors quasiment au seuil de la micro-entreprise, et voulais encore embaucher ; c’était le moment de passer en entreprise individuelle." 

Ce qu’il fait en janvier 2021… Son comptable gère les démarches. Si son bilan est positif en 2021, l’année 2022 s’avère plus compliquée : "Les prix de l’énergie et des matériaux (peinture, fenêtres, etc.) ont augmenté. J’ai fait beaucoup de stock".

L’entreprise entre dans une procédure de redressement judiciaire en 2023 : "Ma trésorerie est partie dans le stock (à hauteur de 22.000€), j’ai eu un salarié en arrêt pendant 4 mois, et un client ne m’a pas payé un gros chantier".

Le redressement porte ses fruits. "Les dettes sont gelées, c’est comme si on repartait de zéro ", confie l’entrepreneur, philosophe.

Un homme averti en vaut deux

À fin 2022, l’entreprise comptait cinq personnes ; il y a deux salariés aujourd’hui. "La baisse de l’effectif induit une baisse de travail, mais en réalité plus on grandissait moins on gagnait ; en 2022, j’ai eu une année négative avec 80% de chiffre d’affaires en plus", observe Benjamin.

L’artisan est convaincu qu’il faut avancer plus lentement. Il est devenu proactif sur certains sujets : "J’ai fait le tour des fournisseurs pour avoir les meilleurs prix". Il porte une attention particulière à sa gestion. "Il faut savoir prendre le temps de s’occuper des factures, des courriers…, idéalement un jour par semaine." 

Dans cinq ans, il espère avoir toujours deux salariés et que l’entreprise tourne bien. "Nous avons six-sept mois de chantiers d’avance. Je fais travailler des micro-entreprises en sous-traitance, ou l’inverse." Il est confiant.

Prendre bien conscience des différences

"La micro-entreprise est idéale pour commencer. Je payais tous les mois des charges sur ce que je gagnais, la compta est plus simple, le suivi aussi. Aujourd’hui, la gestion de mon entreprise est compliquée (les charges provisionnelles, le personnel…). Ce n’est pas le même fonctionnement. Il faut un expert-comptable, se faire aider. Réfléchissez bien à vos objectifs, étudiez avec attention la différence de coûts entre les deux. Et ne grandissez pas trop vite. Si j’étais resté avec deux salariés, cela aurait bien marché."

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