La charentaise de Charente-Périgord obtient son IG
C'est confirmé : à compter du 29 mars 2019, date de publication de la décision au bulletin officiel de la propriété industrielle, la charentaise de Charente-Périgord sera protégée par une Indication géographique (IG).
Délivrée par l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), l'IG est une garantie d'authenticité et de qualité pour les consommateurs. Elle est aussi un moyen, pour les artisans et les entreprises, de valoriser leur savoir-faire en les protégeant de la contrefaçon.
Par la même occasion, l'IG permet de faire rayonner des produits emblématiques d'un territoire. Elle est applicable tant aux produits manufacturés et artisanaux qu'aux ressources naturelles.
La charentaise de Charente-Périgord est la huitième Indication géographique homologuée depuis l'entrée en vigueur du dispositif, en 2013, après :
- le siège de Liffol (décembre 2016),
- le granit de Bretagne (janvier 2017),
- la porcelaine de Limoges (décembre 2017),
- la pierre de Bourgogne (juin 2018),
- le grenat de Perpignan (novembre 2018),
- le tapis d’Aubusson et la tapisserie d’Aubusson (décembre 2018).
Limiter les contrefaçons
"Jusqu’à présent, fabricants et consommateurs devaient affronter les mêmes difficultés : celles d’un marché confus qui rassemblait des produits aux antipodes les uns des autres qualitativement, mais s’identifiant au même nom, 'charentaise'", relève Pascal Faure, directeur général de l'INPI.
L'appellation "sera désormais réservée aux seuls acteurs de la charentaise de Charente-Périgord, en raison de leur savoir-faire et de la spécificité de leurs produits", précise-t-il. Seront concernés les départements de la Dordogne et de la Charente (Nouvelle-Aquitaine).
L'IG charentaise de Charente-Périgord valorisera "le savoir-faire des artisans qui perpétuent la technique spécifique du 'cousu-retourné'" et dotera ses fabricants "d’outils juridiques permettant de se protéger des tromperies et contrefaçons".
L'Association pour la promotion de la charentaise (A.P.C.) sera en charge de la défense et de la gestion de l'IG.
Protéger le "cousu-retourné"
L'histoire de la charentaise est fascinante. Nous sommes à la fin du XIXe siècle, dans le bassin de la Charente-Dordogne-Sud Limousin... A cette époque s'y côtoient industries textile et papetière. Dans cette dernière, les feutres à papier sont en laine. Une fois pressés et imbibés de l'eau de la pâte à papier, les feutres deviennent imperméables. Localement, des artisans savetiers ont l'idée de les récupérer pour en faire des semelles souples, pratiques pour raccommoder des souliers.
Quant à la partie supérieure du chausson, la "tige", elle est composée des excédents de tissu des tisserands locaux, chargés de fabriquer des uniformes pour la Marine royale. Les premières charentaises étaient donc noires, et leur semelle blanche.
Pour les assembler, les artisans employaient - et emploient toujours - la technique du cousu-retourné, qui consiste à assembler la semelle et la tige à l'aide d'un fil de chanvre. Le chausson était ensuite retourné pour prendre sa forme définitive. La languette arrondie du dessus permettait d'enfiler des sabots sur ses charentaises, sans que la peau ne frotte.
Un marché en expansion
Aujourd'hui, le marché de la charentaise se positionne sur le haut-de-gamme et s'adapte aux nouvelles tendances (comme le Made in France). Il gagne en parts de marché depuis dix ans, et se positionne de plus en plus à l'export (Europe, Amérique du Nord, Asie).
Cinq PME sont aujourd'hui installées en Charente et Dordogne (DM Production, Fargeot Cie SAS, Manufacture Degorce, La Manufacture Charentaise, La Nouvelle Charentaise) et emploient 210 personnes, dont 50 maîtrisant la technique du "cousu-retourné".
En 2018, elles ont produit environ 300 000 paires de charentaises, générant un chiffre d’affaires de 5,2 millions d’euros.
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