Artisans peintres

Tracer les lignes du futur

Le 19/06/2017
par Samira Hamiche
Pénurie de repreneurs, concurrence des plateformes, difficultés de recrutement… Après des années sombres, le temps est à l’accalmie pour les peintres en bâtiment. Tournée vers l’avenir, la profession revoit son modèle économique et accueille de nouveaux profils. État des lieux avec Jean-Jacques Châtelain, président de l’UNA* peinture vitrerie revêtements de la Capeb et peintre dans les Yvelines.
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Jean-Jacques Châtelain se veut confiant et surtout tourné vers l’avenir.

La France compte environ 43 000 entreprises artisanales de peinture, dont la moitié de sociétés individuelles. Comme beaucoup de métiers du bâtiment, la branche a souffert de la crise de 2008, dont les conséquences ont été sans appel : carnets de commandes en berne, baisse des recrutements… Aujourd’hui, "une renaissance se dessine pour la profession et s’accompagne d’un renouveau des profils", expose Jean-Jacques Châtelain. Ces nouveaux entrants viennent pour un tiers d’entre eux du monde de la peinture, un tiers de branches totalement différentes (reconversions) et le tiers restant sont des "businessmen", parfois plus déterminés à "faire de l’argent qu’à produire un travail de qualité". "On est dans un monde qui se cherche", résume le président de l’UNA.

Et bien formez maintenant !

Malgré son potentiel attractif, la profession peine à recruter. "Pendant un moment, il n’y a pas eu assez d’apprentis, et aujourd’hui c’est l’inverse : il y a pénurie d’employeurs." Le peintre exhorte ses confrères à "se redonner le goût d’embaucher des apprentis". "Ces jeunes se disent “j’ai beaucoup à apprendre, je vais en sortir grandi” : il faut leur donner une chance !"

Autre phénomène marquant : la féminisation du métier. "On est un métier plein d’espoir. J’en veux pour preuve le fait que des jeunes femmes nous rejoignent : elles sont exigeantes, fines et rigoureuses. Elles sont la relève !"

Des pinceaux 3.0

Ce nouveau souffle coïncide avec l’arrivée d’outils numériques, qui attirent les "digital native"** et rend leur formation ludique. Lunettes 3D, logiciels de retouche couleur, papier peint numérique… Les outils se diversifient et modernisent les méthodes de travail.

"Hic" de la révolution numérique : les plateformes de services empiètent sur les plates-bandes des peintres. "Il y a une place à prendre" pour concurrencer ces sites, qui proposent en général de menus travaux, de simples "coups de blanc". Jean-Jacques Châtelain en est convaincu : les artisans doivent se repositionner sur ces petits chantiers et assouplir leur mode de fonctionnement. "Il faut changer nos méthodes de travail et nous questionner : faut-il changer de produit, moduler ses horaires ?" Une remise en question qui va de pair avec la confiance en son savoir-faire : "En tant que professionnels, nous sommes maîtres de nos chantiers : soyons force de proposition face aux clients !"

* Union nationale artisanale. ** Enfants du numérique.

La RSE, gage de réputation

Sans forcément l’afficher, nombre de peintres entrent dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). "Faites ce que vous pouvez, avec vos moyens, conseille Jean-Jacques Châtelain. Valorisez ce que vous savez faire : respectez l’environnement, présentez vos devis, respectez les délais. Bref, structurez votre entreprise !"

www.iris-st.org | www.oppbtp.com

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