Un artisan-cordonnier nîmois lance une campagne nationale pour défendre sa filière

Pendant la période estivale, les cordonniers font généralement face à une période peu prospère : les bottes et les chaussures d'hiver sont stockées inutilement dans les placards, pendant que les sandales et autres nu-pieds amorcent leurs prochaines écorchures... alors qu'elles pourraient combler un grand manque à gagner ! 

C’est sur ce temps gaspillé qu'Olivier Sébastien souhaite interpeler les usagers et les plus hautes instances. "À la fois les clients, les politiques, les sportifs, bref, tous les porteurs de voix qui peuvent agir à leur échelle".

Le but des opérations est de lisser le chiffre d’affaires annuel, en reportant une partie de l'activité de l’hiver sur l’été.

"Si on réussit à faire bouger les habitudes, ne serait-ce qu’un petit peu, tout le monde sera gagnant : le client dépose ses affaires à entretenir ou réparer (chaussures, blousons en cuir, cartables) avant de partir en congés, et les récupère à la rentrée."

"Pendant tout l’été, il a l’esprit libre, et l’artisan a du travail, et donc du chiffre d’affaires. Il peut mieux voir venir ses factures et ses dépenses dans son quotidien."

In fine, à la rentrée, le client aura ses chaussures aux pieds sans avoir à se préoccuper de les faire réparer dans la précipitation, sans mettre la pression au commerçant, sans de longues attentes qui se comptent en jours, voire en semaines.

L'artisan, de son côté, pourra fournir un travail de meilleure qualité, car il aura plus de temps, dans la mesure où il ne travaillera pas sous pression pour exercer son savoir-faire.

L’objectif de cette campagne est donc de faire passer ce message aux clients : amenez vos chaussures d’hiver l’été, et inversement, les chaussures d’été pendant la période hivernale.

Quels sont les autres objectifs de la campagne ? 

Outre lisser l’activité des artisans cordonniers sur l’année, il s'agit également d'éviter les périodes "trop" creuses, surtout en été, où la baisse d’activité est "catastrophique".

"Si un cordonnier m’appelle à la fin de l’été pour me dire "merci, ton idée m’a rendu service, j’ai pu payer mes factures, j’ai pu emmener mes enfants en vacances, j’ai pu payer ce que je devais", je serai pleinement satisfait", souligne l'artisan. 

Pour l'heure, la campagne commence à porter ses fruits, mais elle est encore trop timide : l’idée est de valoriser le message à un niveau supérieur en investissant les réseaux sociaux, la radio, la presse écrite, et même à la TV ! 

Pour cette visée ambitieuse, "chaque artisan-cordonnier doit y mettre du sien" : des affiches sont à disposition à la fédération française de cordonnerie. Le message est également porté par le président de la fédération, Jean-Pierre Verneau, le vice-président de la CMA du Gard, David Gallo, et "aussi Danielle, la responsable du bureau de la fédération !".

Les 250 artisans cordonniers de la fédération mettent aussi la main à la pâte en communiquant via les affiches auprès de leur clientèle : il s’agit d’expliquer, d’éduquer, de faire bouger les habitudes.

Dans la lignée des Répar'Acteurs…

Le message porté par cet artisan cordonnier a également l'ambition de faire adopter de bonnes habitudes de consommation. Faire réparer ses chaussures, sacs à main… plutôt que de jeter et de racheter doit devenir un nouveau réflexe citoyen.

Un combat que mènent depuis quelques années les artisans du réseau Répar'acteurs, soutenus par les CMA et l'Ademe, autour du slogan "Je répare et ça repart".

Viser les grandes instances nationales 

L’artisan nîmois passe maintenant un appel à CMA France, et plus précisément à Joel Fourny, son président, "pour qu’il soutienne cette action dans son ensemble, les artisans et leurs familles".

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