Métier

Vanniers : les amoureux du végétal

Le 01/02/2024
par Isabelle Flayeux
Déclinée en objet traditionnel, sculpture ornementale ou produit de luxe, la vannerie d’osier n’a pas fini de nous surprendre. À l’image du Comité de développement et de promotion de la vannerie (CDPV), le secteur fait preuve d’un dynamisme exemplaire.
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Pierre Éveillard, Trésorier adjoint du CDPV : le vannier travaille seul et beaucoup, surtout au début de son installation pour gagner en rapidité et en performance. Dompter le matériau demande trois ans d’entraînement."

"La vannerie est l’art de tresser les végétaux, seule la matière première varie : rotin, palme, herbe… En France, la vannerie d’osier prédomine. Les lamelles de châtaignier et de noisetier ne sont pour ainsi dire plus usitées", résume Pierre Éveillard, trésorier adjoint du CDPV.

Toutes les techniques de tressage du métier sont enseignées à l’école nationale d’osiériculture et de vannerie1 de Fayl-Billot (52). En Europe, outre cette école, seul un établissement à Lichtenfels, en Allemagne prépare au métier de vannier.

"Chaque année, 15 à 22 personnes de France et d’Europe suivent la formation adulte de dix mois pour préparer un CAP vannerie métiers d’art ou un brevet professionnel agricole osiériculture vannerie s’ils souhaitent à la fois produire et transformer." 

Sur les 300 vanniers français, moins de 100 cultivent l’osier pour le travailler et vendent le surplus aux autres artisans, une proportion inquiétante : "Pour son usage personnel, un artisan a besoin de 30 à 50 ares d’osier. La partie production attire de moins en moins car elle est très chronophage, certaines tâches n’étant pas mécanisables. Localement, la mise à disposition de réserves foncières par la communauté de communes doit permettre d’éviter une pénurie de matière première d’ici quelques années. Le CDPV réfléchit à l’instauration de chantiers d’insertion pour inciter à l’installation."

Des applications multiples

Sur les 300 variétés d’osier produites en France, une trentaine est tressable. Comme pour les cépages, la qualité de ce végétal de la famille des saules varie en fonction du terroir et du climat ambiant.

Un vannier peut travailler l’osier blanc écorcé ou l’osier non écorcé qui se décline en différentes couleurs. Léger et résistant, l’osier prend place en intérieur comme en extérieur, seul ou en association, se transforme en petits ou grands produits.

"Son utilisation ne connaît aucune limite. Si la fabrication d’objets traditionnels continue, nous collaborons beaucoup avec des étudiants designers et des professionnels. L’association avec des matériaux comme le métal, la céramique, la poterie, le verre, le bois ou le caoutchouc, est très fréquente. Le vannier s’adapte aux tendances et répond à la demande d’une clientèle diversifiée." Ainsi, il n’est pas rare de voir des créations en osier sur l’espace public comme dans les boutiques de luxe.

Afin de garantir l’authenticité des produits et de valoriser son savoir-faire, le CDPV a déposé à l’Inpi  (Institut national de la propriété intellectuelle) une demande d’indication géographique. "C’est la dernière ligne droite d’un travail de longue haleine débuté en 2018. Nous serons fixés d’ici l’été 2024."

Plus d’infos : www.comite-vannerie.fr - comitevannerie@gmail.com

Chiffres clés

  • 300 artisans vanniers sont actuellement installés en France. Ils étaient 200 en 2000, 45.000 en 1920.
  • 150 ha d’osier sont plantés dans l’Hexagone. Il faudrait doubler la surface de culture pour éviter une pénurie de matière première d’ici quelques années.
  • 5% : c’est la part de la production française d’objets en vannerie sur le marché national. 60% sont importés d’Asie, 35% des pays de l’Est.
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