Mathieu Lustrerie : la folle magie du luxe

Régis Mathieu dirige l’entreprise familiale de lustrerie créée à Marseille par son père en 1948. Précurseur, il fabrique dans les années 70 des lustres classiques et contemporains, qui sont à la mode aujourd’hui. Suite à son décès, ma mère prend le relais et me cède la main en 1992.

Après des études de commerce international, droit et entrepreneuriat, Inès, 24 ans, travaille avec son père Régis depuis peu.

"Son parcours l’a amenée à découvrir les métiers d’art, la broderie notamment. Nous nous sommes retrouvés sur les mêmes chantiers. Elle a vite pris la décision de travailler avec moi et, plus que de reprendre, de continuer ma folie !"

Un décor teinté de rouge pour écrin

Confronté à un métier vieillissant et des produits hors mode, Régis Mathieu entend dans les années 90 rendre au luminaire sa place d’objet de luxe et non d’éclairage.

Il se tourne vers la restauration et devient le spécialiste des lustres des grands palais dans le monde.

"Travailler dans des lieux magnifiques m’a poussé à chercher un écrin où exercer un métier d’art au service d’objets extraordinaires."

En 1993, il achète les anciennes usines d’ocre de Gargas tout en promettant de les laisser accessibles au public tant ce décor rouge à l’archéologie industrielle fait partie du patrimoine du village.

Pour honorer sa promesse, et parce que c’est dans sa nature, Régis Mathieu oriente son business vers le partage et la transmission.

L’excellence d’aujourd’hui et d’hier

Au service des luminaires, une trentaine de personnes travaillent le bronze et des matériaux précieux aux côtés de Régis Mathieu.

"Mes compagnons sont un peu des faiseurs de miracle : les lustres en équilibre au plafond pèsent parfois 5 tonnes."

Restaurateur pour les monuments historiques et les musées, Mathieu Lustrerie crée à l’identique des luminaires de toutes les époques.

"Ces deux métiers répondent avec rigueur à des schémas dictés par le savoir-faire des fabricants. De cela découle la création contemporaine. En imaginant les modèles dont s’occuperont les restaurateurs demain, j’écris les pages des Arts décoratifs d’aujourd’hui. Mes parents faisaient des lustres haut de gamme, moi, je fais des œuvres d’art."

Un voyage dans le savoir-faire…

Pour faire comprendre le travail derrière un lustre, Régis Mathieu accueille gratuitement le public dans son entreprise installée sur 5.000 m².

En vingt ans, il a restauré trois bâtiments et aménage actuellement les jardins pour donner à voir de l’extérieur ce qui se passe à l’intérieur.

"Le début du cheminement plonge le visiteur dans l’histoire des lustres, du Moyen Âge à la fin du XXe siècle, à travers une collection de 1.000 pièces. La traversée des ateliers précède la découverte du dernier bâtiment, gigantesque avec ses 14 mètres de hauteur sous plafond, consacré au contemporain et ses différents univers."

… et le temps

En septembre dernier, la lustrerie a ouvert un nouvel atelier de restauration de luminaires à Paris. "Je suis très fier que le Centre des monuments nationaux français nous ait confié un espace à l’Hôtel
de la Marine, garde-meuble royal au XVIIIe siècle." Comme ceux du Luberon et de New York, ses ateliers parisiens se visitent, certains se transforment en lieu d’exposition.

Chaque hiver, des voitures de grandes marques – sa deuxième passion – trônent dans ses bâtiments de Gargas. "L’avantage des lustres est de laisser le sol libre. Il faut juste un peu d’imagination. Les gens repartent avec le sourire et des étoiles dans les yeux en disant : je ne regarderai plus jamais les lustres comme avant."

"Je fais des produits complètement inutiles et extrêmement chers. Au XXIe siècle, personne n’a besoin de moi pour s’éclairer. Dans cette inutilité, je comble un rêve."

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