Focus métier

Conjoint(e)s d'artisans, faites-vous entendre !

Le 19/06/2017
par Sophie de Courtivron
80 % des conjoints des chefs d’entreprise de proximité sont des femmes. Aujourd’hui reconnus – le choix d’un statut est obligatoire depuis 2007 – ils et elles doivent continuer à se mobiliser pour être plus performants, faire valoir leurs droits et ceux de leur profession. Trois pasionarias évoquent ici trois niveaux de mobilisation, trois marches qu’elles invitent les conjointes d’artisan à gravir. Parce qu’elles ont beaucoup à apporter aux femmes… et aux hommes.
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Corine Postel, Catherine Foucher et Danièle Simon, dignes représentantes de tous les conjoint(e)s d'artisan.

Échangez avec vos "alter égales"

"En tant que conjointe d’artisan, on est isolée. Et c’est un cercle vicieux: plus on est isolée, plus on a tendance à s’isoler. Il est important de s’autoriser à sortir du bureau, sans culpabiliser", pose Corine Postel, chef de file U2P pour la Cnamts, administratrice U2P à la Cnaf et membre du conseil d’administration de la Capeb.

"Se voir entre femmes valorise notre travail, lui apporte une dynamique ; nous échangeons et prenons exemple ; cela aide à avancer, à ne pas avoir peur », observe Catherine Foucher, présidente du groupe de travail sur la parité de l’U2P et du groupe de l’artisanat au CESE. "Quand on est mieux dans ses pompes, on travaille mieux : c’est un tout !", ajoute Corine Postel, qui est toujours membre de la Commission des femmes d’artisans des Yvelines, et déplore que peu de femmes s’y investissent. "C’est pourtant capital : en ce moment, nous travaillons beaucoup, au niveau national, sur le stress et le surmenage ; ceci est directement le fruit des remontées des commissions départementales!"

Défendez votre statut

"Nous faisons le travail du chef d’entreprise – car nous sommes codirigeantes – et revendiquons les mêmes acquis que les femmes chefs d’entreprise, que nous n’avons pas. Pour cela, il faut déjà que les femmes se mettent en avant et prouvent leur savoir-faire", explique Catherine Foucher. Elles doivent donc se former et/ou transformer leur expérience en diplôme (par la VAE, Validation des acquis de l'experience).

"Nos combats actuels ? Les taux des cotisations sociales des conjoints collaborateurs (retraite de base, complémentaire, décès/invalidité…), trop élevés pour des TPE !", s’insurge Danièle Simon, présidente de la Commission des conjoints de Fedelec et membre de la Commission des conjoints et de la parité de l’U2P. "J’ai tous les ans des contacts avec le RSI Auvergne et collecte leurs informations et nouveautés qui sont la base de notre travail." Elle rappelle par ailleurs que le combat sur le statut du conjoint est encore d’actualité : "Nous devons continuer à informer les conjoint(e)s à son sujet". De plus, "il conviendrait de l’étendre aux concubins".

Apportez vos compétences à tous

Si le poids de l’U2P reste sous-évalué dans la gouvernance des organismes paritaires, c’est la première force patronale française en nombre d’entreprises. "Le pouvoir de parole des personnes à la tête de nos entreprises est grand car nos entreprises, même petites, sont toutes en passe de se développer !", assure Catherine Foucher. Les femmes, codirigeantes et responsables, ont leur mot à dire ; la parité est ainsi un concept qu’il faut investir.

"Les femmes doivent oser se faire entendre au sein de toutes les instances ; il y a pour cela un discours à avoir auprès des organisations professionnelles : laissez-nous la place et le temps de connaître et de nous emparer des dossiers. Il faut envoyer des binômes homme/femme pour argumenter auprès des politiques. Les quotas ont eu du bon, mais aujourd’hui ce sont des femmes compétentes qui sont là. Et qui peuvent apporter beaucoup à nos causes, poursuit Catherine Foucher. Notre pouvoir de persuasion est grand !"

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