Chaudronniers

Discrètes stars du métal

Le 11/10/2018
par Samira Hamiche
Piliers de la métallurgie, les chaudronniers souffrent de la méconnaissance de leur métier. Pourtant, la branche recrute et innove… Tour d’horizon avec Peter James, responsable de l’Institut des métiers de la chaudronnerie et de la tuyauterie industrielle des Compagnons du Devoir.
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Peter James indique que pour être chaudronnier, "Il y a tout un savoir scientifique à acquérir, en atelier ou en chantier : propriétés des métaux et alliages, maîtrise du dessin industriel et de la vue dans l’espace."

À leur compte, sous-traitant ou travaillant directement pour l’industrie, les chaudronniers souffrent d’un manque de médiatisation. Et pour cause… "Ils sont sollicités dans des domaines peu connus du grand public : le nucléaire, la pétrochimie, ou encore l’industrie pharmaceutique ou alimentaire", note Peter James. Le spectre de la chaudronnerie est ainsi très varié: de la petite chaudronnerie (tôlerie) au gros œuvre (cuves de stockage, ferroviaire, éoliennes, etc.). "Cela va de la feuille de métal plane qu’on plie ou cintre, puis qu’on assemble par soudage, au travail de barres (profilés, tubes) de différents diamètres." Les pièces sont fabriquées en petites séries ou à l’unité, mais le métier ne se limite jamais à l’exécution pure. "Il y a tout un savoir scientifique à acquérir, en atelier ou en chantier : propriétés des métaux et alliages, maîtrise du dessin industriel et de la vue dans l’espace."

« Pour exercer ce métier, il faut avoir du caractère : la matière n’est pas facile à travailler, il ne faut pas se laisser abattre… Car on croise le fer ! », Peter James

Jeu d’équilibriste

"À l’instar de la serrurerie, le métier est très normé. Or, il est compliqué pour une PME de respecter et de documenter la traçabilité de la matière : où elle a été coulée, quand, et par qui", rappelle notre interlocuteur. L’industrie, du fait de ses gros moyens, a donc tiré la couverture à elle. Bémol : "Elle a beaucoup recruté mais très peu formé d’apprentis (2 % des jeunes du métier)", à l’inverse des PME, "beaucoup plus patientes". De là naît un paradoxe : l’industrie s’est sous-investie dans l’apprentissage mais convoite les chaudronniers. "Il n’y a qu’à passer devant une agence d’intérim pour voir que la demande est permanente." Désormais, les grands groupes forment en interne, mais enseignent "leurs technicités propres". À l’inverse des CFA et des Compagnons du Devoir, dont la formation est "généraliste et permet donc de s’adapter à toutes les entreprises".

Merci la techno

Grâce aux nouvelles technologies (réalité virtuelle, logiciels de dessin, commandes numériques…), le métier est devenu moins pénible, plus attractif. "Des simulateurs de gestes permettent de s’entraîner et d’intervenir sans crainte", note Peter James. Le port de charges lourdes est facilité, le risque de brûlures et blessures amoindri… Dans cet univers ‒ positivement ‒ bouleversé par le digital, le chaudronnier est amené à acquérir de nouvelles compétences, à se convertir en fin technicien. De quoi attirer les jeunes en quête de symbiose entre geste et innovation…

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