Excellence et innovation

L'avenir est dans la TPE

Le 02/11/2018
par Sophie de Courtivron
Si la TPE a besoin de côtoyer d’autres savoir-faire pour se développer, innover, inventer, sa taille reste son atout majeur. Souples et réactives, elles sont sollicitées régulièrement par de grands groupes…
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Artisan au travail au Flame, fablab de l’Ariège.

Yanara Technologies souhaite rester à taille humaine. "Nous suivons de près les projets : celui qui travaille à la conception intègre la fabrication", rappelle Carine Parmentier. Chez eux, le personnel est formé à un savoir-faire unique et pluriel (drapage, finitions post-démoulage…). "Cela prend plusieurs années de former un opérateur en composites, il y a un équilibre à garder."

Même son de cloche dans l’alimentaire ; "nous n’avons pas de turn-over, nous construisons avec les jeunes qui rentrent dans l’entreprise et qui sont formés quatre à cinq ans en interne", pointe Laurent Rigaud.

La TPE est souple et réactive. "Tout évolue en permanence. Nous avons mis en place un suivi qualité ; nous améliorons process et techniques de production", continue Carine Parmentier. D’où son excellence. Et le fait que des grands groupes ont recours à elle pour faire ce qu’ils ne peuvent pas faire. "Nous avons des pièces d’ingénierie en cours de développement depuis plusieurs années", confie Carine Parmentier. Weden a des clients "de la start-up unipersonnelle au grand groupe".

Risques accrus pour les TPE

Jean Angelidis, qui allie la souplesse de sa TPE (Leas) à la force de son groupe (Keas) cerne bien la capacité d’innovation de la TPE . "Les grosses entreprises ont des moyens, mais elles doivent structurellement produire et gagner de l’argent, ce qui est contradictoire avec le côté aléatoire de l’innovation. Elles planifient tout. Or on ne planifie pas l’innovation, on l’oriente. Mais on ne sait pas combien cela va coûter, combien de temps cela va durer."

Ainsi ce sont les TPE qui portent le risque. On sait que les entreprises de sous-traitance industrielle ont de forts besoins en matière de financement (investissements)*. "L’État doit mettre une ligne budgétaire là-dessus. Nous sommes soit trop petits, soit trop gros. Je n’ai jamais rien eu", déplore Laurent Rigaud, qui fourmille pourtant d’idées.

Fin juillet 2018, Muriel Pénicaud déclarait sur RTL que "demain, on ne peut pas garder les métiers du passé. […] Par contre, il faut que tout le monde puisse aller dans l’ère de l’Internet, ou dans les métiers du futur. Il faut un investissement massif pour que chacun ait la capacité d’avoir des compétences." Les TPE artisanales, oubliées du système, mais "dont les ateliers de production représentent des millions de mètres carrés d’usine en France" (rappelle Nicolas Bard), attendent un signe.

* Selon une étude de l’Institut supérieur des métiers de décembre 2014.

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