Maintien d'activité

Le bâtiment à l'unisson pour protéger ses ouvriers

Le 19/03/2020
par Samira Hamiche
Coronavirus. Face aux injonctions de travailler du gouvernement, les organisations professionnelles du bâtiment s'insurgent et appellent à la responsabilité. Sur les chantiers, les ouvriers du bâtiment s'exposent en effet eux-mêmes au risque de contamination.
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Bâtiment conjoncture

>> Mise à jour 21 mars : l'Etat et les professionnels trouvent un terrain d'entente <<

Pavé dans la mare ce jeudi 19 mars. Interrogée sur LCI, Muriel Pénicaud s'est dite "scandalisée" d'apprendre qu'une antenne de la Capeb ait invité les salariés et chefs d'entreprises artisanales du bâtiment à ne pas se rendre sur leur chantier. 

"Les entreprises qui se disent que l'État paiera et qu'elles n'ont pas à travailler ne sont pas dans une attitude de civisme", a ainsi argué la ministre du Travail, provoquant l'ire des professionnels du bâtiment.

Scandale contre scandale

Le président de la Capeb, Patrick Liébus, s'est à son tour dit "scandalisé" par les propos de la ministre. "Cela témoigne d'un mépris profond, et je pèse mes mots, pour ces artisans et ces salariés qui travaillent dans le bâtiment et n'ont jamais rien demandé", a-t-il confié à nos confrères de Batiactu. "

Patrick Liébus s'est également ému de ne voir visée que la Capeb, "alors même que les trois organisations, avec la FFB et la FNTP, étaient sur la même longueur d'ondes." 

En ces temps troubles, les organisations du bâtiment font effectivement corps pour défendre le secteur. Le président de la FFB, Jacques Chanut (qui a déjà réagi vivement aux accusations d'opportunisme visant les entreprises du bâtiment), s'est ainsi fendu d'un courrier à Muriel Pénicaud. "Aucune de nos entreprises, aucun de nos artisans, ne se sont mis dans une position de tire-au-flanc face à la situation actuelle (...) c’est la mort dans l’âme que nombre d’entre eux ont dû cesser leur activité et mettre leurs salariés à l’arrêt", peut-on notamment y lire.

Icône PDF>> Visualiser ce courrier 

Priorité à la santé et à la responsabilité collective

La Capeb appelle de nouveau, conformément aux recommandations de l'OPPBTP (organisme de santé et prévention du BTP), à prioriser la sécurité et à ne poursuivre que les travaux d’urgence et de dépannage.

L'organisation dénonce les consignes du ministère de l’Intérieur aux préfets, appellant au maintien de l’activité économique sur les chantiers du BTP. "C’est méconnaître totalement les métiers du BTP. La Capeb s’oppose à ces consignes qui ne garantissent pas la sécurité des salariés et fait peser de graves risques sur la responsabilité des chefs d’entreprises", insiste l'organisation.

La Capeb énumère plusieurs facteurs de risques : la coactivité, les nombreux déplacements, les tâches réalisées à plusieurs, le partage des outils ou encore les interventions chez des particuliers allant à l'encontre de la consigne de confinement...

"Dans un contexte de propagation du Covid-19, cette décision est incohérente avec l’appel du Président de la République et les recommandations de l’OPPBTP d’arrêter les chantiers lorsque les conditions de prévention ne sont pas remplies comme c’est le cas sur la plupart des opérations de construction." Patrick Liébus

En définitive, l'organisation professionnelle réclame :

  • "l’arrêt temporaire des chantiers de bâtiment, à l’exception des travaux urgents et des dépannages"
  • la définition précise de la notion de "travaux urgents"
  • que "toutes les demandes d’activité partielle soient acceptées pendant cette période transitoire et après cette période pour les entreprises qui ne pourront pas poursuivre leur activité, et ce sans tracasseries administratives".

Mêmes revendications du côté de la Chambre nationale de l'artisanat des Travaux publics et du Paysage (CNATP). Dans un communiqué diffusé cet après-midi, la CNATP souligne l'impossibilité, pour la plupart des entreprises de sa branche, de satisfaire aux normes de prévention sanitaire (promiscuité nécessaire, échange d'outils, etc.).  

"Qui soutiendra nos entreprises lorsque l'employeur sera mis en responsabilité pour "mise en danger de la vie d'autrui ?", interroge la CNATP

La CNATP réclame l'acceptation de "toutes les demandes d’activité partielle" et des remboursements qui ne pourront "excéder 2 semaines". "Les chefs d’entreprises que nous représentons sont responsables et décideront de la poursuite ou non de l’activité selon leurs capacités, les moyens de leur entreprise et de leur environnement (chantiers, approvisionnement …) dans le strict respect de la sécurité de leurs salariés", développe l'organisation.

 Un guide de bonnes pratiques

 

La Capeb de l'Aube a édité un guide de bonnes pratiques à destination des artisans du bâtiment. >> Cliquer ici pour le consulter.

 

Le ministère du Travail, lui, a mis en place un document regroupant informations, recommandations & mesures sanitaires à destination des chefs d'entreprise.

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