Se relever plus fort

Votre moral, la clé de tout

Le 15/06/2020
par Sophie de Courtivron
Arrêter de travailler a un impact sur votre moral. Donc sur votre capacité à prendre les bonnes décisions. Voici quelques solutions pour prendre du recul et retrouver l’énergie de vous projeter et d’avancer. Contre vents et marées, contre Covid et crise économique…
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En innovant et en élargissant son offre, Bertrand Blonsard, dirigeant d'Arcalie, en Gironde, estime qu'il sortira grandi de cette crise sanitaire, tout en ayant sauvé son CA.

Une enquête réalisée pendant le confinement montre que le risque de dépôt de bilan impacte davantage la santé du chef d’entreprise que celui de contracter gravement le Covid-19. En plus de l’uppercut de la réalité (perte de chiffre d’affaires), vient un second "coup", insidieux : l’inactivité, qui vient déstabiliser votre mental.

Le travail "empêché"

Alexis Van Haecke, psychologue du travail (Paris), explique que l’inactivité est aussi dangereuse pour le cerveau que le surmenage. "Selon deux psychologues américains ( R. M. Yerkes et J. D. Dodson), stress et performance sont liés, que l’activité soit importante ou pas. Dans le premier cas, c’est l’épuisement professionnel. Dans l’autre, l’ennui et une qualité de travail dégradée ; c’est aussi la situation dite de travail empêché, avec des journées à remplir." Cet ennui peut selon lui devenir un empoisonnement. "Les ruminations mentales et incertitudes (combien de temps, que vont faire les clients, etc.) altèrent voire épuisent l’énergie mentale du chef d’entreprise." Or celui-ci doit justement pouvoir compter sur son mental pour "être le plus lucide possible quant à l’analyse de la situation afin de prendre les meilleures décisions". Comment sortir de cette impasse ?

 "L’évaluation des opportunités est le meilleur antidote pour maintenir un bon état de santé et engager un redémarrage efficace", Olivier Torrès

Reculer pour mieux sauter

Voici déjà quelques signaux à surveiller, selon Alexis Van Haecke : "sommeil de mauvaise qualité, remarques de vos proches sur votre humeur, poids qui change, impossibilité à hiérarchiser vos actions… " Olivier Torrès, professeur en management et économie des PME à l’Université de Montpellier et fondateur de l’Observatoire Amarok, association
qui s’intéresse à la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés, observe en outre que le confinement a fait muter les symptômes "habituels » du burn-out en amenant en tête "le sentiment d’impuissance et d’être coincé". Le soutien social est pour lui "un antidote" ; il invite les entrepreneurs à rentrer en contact avec les corps intermédiaires, les syndicats, les associations d’entrepreneurs et les structures d’aides .

>> Lire à ce sujet notre article : "Soutien psychologique : un numéro vert pour les entrepreneurs"

Pour entretenir son "capital neuronal", Alexis Van Haecke conseille quant à lui de se programmer des temps de silence complet pendant la journée. "Cela reboote le cerveau de façon très efficace. C’est le principe du crawl : un nageur qui ne sait pas respirer ne pourra pas faire dix longueurs." Ou encore de faire des exercices de cohérence cardiaque "pendant 1 heure voire 1 h 30 si la journée est ressentie comme très tendue". L’altérité ou le recul vous permettront ainsi d’appréhender l’issue qui vous échappait ; car tout changement appelle de multiples opportunités.

SOS Entrepreneur (soutien des entreprises en pré-dépôt de bilan) : www.sos-entrepreneur.org

Témoignage

Interruption… réaction !

"L’association 'Les liens du cœur' m’a informé au début du confinement qu’elle manquait de masques", se souvient Bertrand Blonsard, dirigeant d’Arcalie (Gironde), entreprise d’impression numérique et de découpe sur tous supports. "Et nous, nous étions capables de fabriquer des visières de protection." Ni une ni deux, il achète les matières premières nécessaires. "Nous n’avions plus une seule commande. Nous avons puisé 30 K€ dans notre trésorerie. C’était un pari." Il élargit l’offre (parois anti-postillons, marquages au sol, etc.), et son initiative est amplement relayée. Arcalie gagne en un mois plus d’une centaine de nouveaux clients. L’entreprise continue depuis d’innover : "séparations pour les bacs des coiffeurs, parois autoportantes pour les restaurateurs…" La gratification suprême n’est pas pour Bertrand un chiffre d’affaires "sauvé", non ; "nous allons ressortir grandis de tout ça ; nous avons permis à de nombreuses entreprises de reprendre plus sereinement."

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