3 questions à…

Pierre Bonis : la numérisation des TPE est loin d’être un feu de paille !

Le 22/03/2021
par Propos recueillis par Julie Clessienne
Avec 14% de créations de sites Internet supplémentaires en 2020, le ".fr" confirme l’accélération de la transformation numérique des entreprises et des commerces. Pierre Bonis, directeur général de l'Afnic, l’association en charge des noms de domaine en .fr, revient pour nous sur cette croissance remarquable, qu’il convient d’analyser au regard d’un contexte inédit.
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En 2020, les créations de sites internet en .fr ont été en forte hausse, comment l’expliquer ?

Trois points marquants ressortent de l’analyse de marché que l’Afnic réalise chaque année.

D’abord, la création de sites internet en .fr a été beaucoup plus importante en 2020 qu’en 2019 : la croissance du .fr a été de 7%. Elle n’était que de 3,7% l’année précédente. C’est quasiment le double !

L’autre fait le plus marquant est la répartition géographique des créations de sites.

On observe un rattrapage des régions sur l’Île-de-France, sans doute du fait que les entreprises franciliennes étaient déjà plus fortement équipées.

Cette dynamique régionale est particulièrement à l’œuvre :

  • en Bretagne : +9,8% ;
  • dans les territoires ultra-marins : +9,6% ;
  • ou en Normandie : +8,2%.

Le dernier point, et non des moindres, est que l’extension en .fr a été préférée aux autres, et notamment au .com.

Cela montre l’attachement des entreprises françaises à la proximité et à une forme de "traçabilité numérique".

Pour beaucoup de TPE et d’artisans que nous rencontrons sur les Salons en ligne ou lors nos ateliers, le .fr est un gage de confiance et de sécurité, mais c’est aussi une valorisation du "made in France".

Que dit cette croissance de la numérisation des entreprises ?

Le nombre de propriétaires de sites est assez proche du nombre de sites créés : cela signifie que ces créations sont le fait de petites entreprises, de commerçants et d’artisans.

Ces nouveaux noms de domaine ont été créés pour être utilisés, et non dans une logique de réservation, de protection, ou d’anticipation de projets à venir.

Cette croissance est donc directement corrélée à l’accélération de la transformation numérique qui a incité de nombreuses PME/TPE à passer le cap et à développer leur activité sur Internet, dans un contexte pour le moins compliqué.

Elle est le fruit du travail énorme réalisé par l’Afnic, les bureaux d’enregistrement du .fr, et de nombreuses organisations, qui, tout au long de l’année, accompagnent cette numérisation et permettent aux TPE/PME, aux commerçants et aux artisans de tous secteurs de continuer à travailler.

Le recours au numérique s’est avéré essentiel pour beaucoup, afin d’assurer la pérennité et la visibilité d’activités économiques qui, jusque-là n’en avaient pas éprouvé le besoin vital. Même si notre baromètre annuel, "Réussir avec le web", dont Le Monde des Artisans est d’ailleurs partenaire, montrait, depuis plusieurs années, qu’elles étaient convaincues de cette nécessité.

Ce qui a changé en 2020, c’est la perception de l’urgence, et cette perception est, pour toute organisation, le premier levier du changement.

L’accompagnement pour l’action est au cœur de notre mission depuis plusieurs années, notamment avec le dispositif réussir-en.fr mais aussi avec les Foliweb, des ateliers que nous co-organisons avec notre partenaire Neocamino partout en France, et qui ont rassemblé plus de 20.000 personnes en 2020. Une participation record, pour développer la présence en ligne des entreprises de toutes tailles…

Pensez-vous que cette tendance va se poursuivre en 2021 ?

Il semble désormais acquis que le site Internet est un outil de premier plan pour de nombreuses activités, que ce soit pour :

  • des restaurateurs, pour assurer des commandes et les livraisons ;
  • les commerces en tous genres pour communiquer sur les horaires d’ouverture ou faire du e-commerce ;
  • ou pour les artisans qui l’utilisent comme vitrine de leur activité, et qui leur permet de trouver de nouveaux clients.

Nombreux sont ceux qui ont trouvé de nouveaux débouchés, étendu leur zone de chalandise… Ces bénéfices seront profitables bien après la crise sanitaire.

Il y a encore un certain retard à rattraper, et la création de site Internet, loin d’être une simple mesure d’urgence en temps de crise, représente un investissement et un actif à moyen terme.

C’est pourquoi nous pensons que si 2020 a été le déclic, c’est loin d’être un feu de paille. Nous nous attendons à une forte dynamique des créations dans les mois à venir.

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