Rencontres Sénatoriales de l'Apprentissage

La parole aux apprentis 2.0

Le 27/04/2016
par Samira Hamiche
Près de 200 apprentis ont été reçus au Sénat le 13 avril dernier dans le cadre des 16es Rencontres sénatoriales de l’apprentissage. Objectifs : entretenir le dialogue avec les élus de la Chambre haute et discuter des perspectives pour les centres d’apprentissage à l’heure du numérique.
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Les apprentis posent dans l'escalier d'honneur du Sénat, le  13 avril 2016.Les apprentis posent dans l'escalier d'honneur du Sénat, le 13 avril 2016.

Le tapis rouge pour les apprentis. Plus qu’un acte symbolique, c’est un échange franc qui était à l’ordre du jour, lors du traditionnel rendez-vous des Sénatoriales, cette année axé autour de "l’apprentissage à l’heure du numérique et des nouvelles technologies". Face à six sénateurs, les apprentis se sont livrés à une séance de questions-réponses, articulée autour de trois tables rondes. Le tout, sous le regard attentif de Gérard Larcher, Président du Sénat, et d’Alain Griset, Président de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat (APCMA).

Lever les freins psychologiques

L’apprentissage offre moult perspectives : avoir un métier en main, trouver du travail et, qui sait, devenir chef d’entreprise... Gérard Larcher a ainsi rappelé le souhait de l’Etat de conforter l’apprentissage dans les formations initiales, en gommant les idées reçues : "Nous savons combien il reste du chemin pour changer l’image de l’apprentissage. Ce chemin, je le trouve long, parce que nous n’avons pas encore fait de révolution culturelle". Un avis partagé par le Président de l’APCMA, qui a salué l’effort de longue date des sénateurs "pour faire évoluer l’image et l’idée des décideurs politiques" vis-à-vis de l’apprentissage et des métiers de l’artisanat.

Les sénateurs du Rhône Michel Forissier et Élisabeth Lamure, présents à l’événement, ont justement déposé une proposition de loi visant à développer l’apprentissage comme voie de réussite. Objectif : instaurer un Pacte national entre État, acteurs économiques et instances consulaires.

Le numérique comme moteur

Sites web, logiciels (MAO, PAO, FAO), tutoriels vidéo, tablettes, imprimantes 3D… : dans toutes les disciplines, le numérique est vecteur d’attractivité, d’essor économique et de simplification administrative. Un gain de temps qui motive les apprentis. "Le numérique est un beau levier, il faut partager les bonnes pratiques", insiste Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin.

Pour intégrer le numérique aux formations, CFA et URMA doivent être convenablement équipés, note Marion Sejourne, apprentie traiteur à l’URMA Pays de la Loire. Pour Éric Jeansannetas, sénateur de la Creuse, "il faut que les CFA négocient des financements avec l’État et la Région".

"Le numérique est-il le moyen le plus efficace de valoriser et développer une entreprise ?", questionne Thomas Jacquelin, apprenti pâtissier à l’IMA de Beauvais. S’appuyant sur une étude de BPI France, Élisabeth Lamure affirme que le numérique "permet de doubler la croissance d’une entreprise", grâce "à la dématérialisation, au travail nomade et en temps réel". "Un artisan qui va sur un chantier avec sa tablette pourra présenter son devis, ses plans, le délai : il aura de l’avance et sera beaucoup plus visible." Alain Griset note, lui, les opportunités de l’e-commerce : par exemple, "bon nombre de chocolatiers français exportent", à hauteur de 90 % de leur chiffre d’affaires.

L’apprenti, véritable conseiller au numérique

Nés avec Internet, les apprentis d’aujourd’hui partagent leur savoir digital avec les maîtres d’apprentissage. "L’échange se fait dans les deux sens", relève Clémentine Eynau, apprentie en coiffure au CFA de la CRMA PACA de Gap. Ce transfert de compétences mérite d’être valorisé auprès des patrons. C’est pourquoi "les CFA s’adaptent aux réalités de l’entreprise", remarque Éric Jeansannetas. Mais cet échange ne suffit pas, quand il s’agit d’expertise métier. "Pourquoi ne pas rendre obligatoire la formation de tous les maîtres d’apprentissage ?", lance Kévin Aubert, apprenti dans le même CFA. Pour Sophie Primas, sénatrice des Yvelines, une telle formation (facultative) se justifie, "car parfois les maîtres d’apprentissage se sentent seuls".

Résorber les inégalités territoriales

Partout, le numérique permet de rapprocher maître d’apprentissage et apprenti. Preuve en est du succès de la Bourse de l’apprentissage, qui lutte contre l’isolement géographique. La plateforme choisirmonartisan.fr, qui permet de solliciter un artisan reconnu, adopte cette même logique de proximité. Pour Claude Kern, sénateur du Bas-Rhin, le numérique rétablit même une certaine équité : "99 % des jeunes sont équipés, il n’y a pas de fracture numérique pour les jeunes".

Néanmoins, l’accès à Internet n’est pas une évidence en zone rurale. Un point relevé par Faustine Mary, apprentie au CFA de la CMA du Loiret. Selon Élisabeth Lamure, ces zones doivent miser à court terme sur le réseau satellitaire, plus rapide à mettre en place que la fibre.

Pour voir ou revoir des extraits des Rencontres sénatoriales de l’apprentissage 2016 : www.senat.fr

Des outils pour s’orienter

L’APCMA et l’Onisep ont créé www.oriente-metiers.org. Grâce à un questionnaire, les jeunes découvrent les métiers proches de leurs aspirations. S’ils choisissent l’artisanat, ils sont mis en relation avec la chambre de métiers la plus proche.

• Rendez-vous sur e-urma.fr, le portail des Universités régionales des métiers, pour découvrir les formations dispensées par les chambres de métiers.

• Pour présenter les métiers de manière ludique, l’URMA a développé un serious game accessible via https://game.artisanat-nordpasdecalais.fr

• Le serious game du CFA de la CMA du Val-de-Marne, "Mission Behave", simule l’immersion en entreprise : www.missionbehave.com

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