Communication

L'U2P lance "Les Stagiaires"

Le 26/06/2019
par Samira Hamiche
Des réformes, oui... Mais qui tiennent compte des spécificités des petites "boîtes". Si l'U2P salue la volonté du gouvernement de rénover l'environnement des entreprises, l'organisation estime que les plus petites ne sont toujours pas suffisamment entendues. A ce titre, l'U2P entend sensibiliser les pouvoirs politiques aux besoins des entreprises de proximité, au travers d'une campagne décalée.
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Montage des conventions de stages adressées à Edouard Philippe et Bruno Le Maire

Porte-voix des entreprises artisanales et libérales, l'Union des entreprises de proximité (U2P) entend frapper un grand coup cet été pour mobiliser les dirigeants politiques autour de la cause des entreprises de proximité.

L'U2P part d'un constat : selon l'organisation, les réformes engagées par le gouvernement (loi Pacte, apprentisage, assurance-chômage, retraites...) offrent certes de premières avancées pour les entreprises... Mais ne vont pas suffisamment loin, et surtout, sont "déconnectées de la réalité des artisans, des commerçants et des professionnels libéraux". "Les mesures vont dans le bon sens, mais structurellement parlant, elles ne sont pas faites pour nos entreprises", regrette ainsi le président de l'U2P, Alain Griset.

Pour rappel, sur les 2,8 millions d'entreprises artisanales et libérales que compte le pays, environ 50 % n'ont pas de salariés, et près des 50 % restants ont moins de 10 salariés. 

Gouvernants... et stagiaires !

Afin de toucher au plus près les dirigeants, l'U2P va déployer en deux temps (cet été, puis en octobre) une campagne de communication invitant plusieurs personnalités d'Etat à revêtir les habits de stagiaire dans une entreprise de proximité.

Concrètement, l'U2P va adresser à quatre dirigeants politiques des conventions de stage de "gestion d'entreprise" chez des patrons de TPE. Edouard Philippe deviendra ainsi stagiaire chez un pharmacien de l'Eure, Muriel Pénicaud chez un maçon carreleur savoyard, Jean-Michel Blanquer chez un fleuriste nivernais et Bruno Le Maire chez un hôtelier restaurateur strasbourgeois...

La convention de stage de Bruno Le Maire, dûment remplie...

Si elle s'adresse principalement à la classe politique, dont elle entend "tenter de changer les mentalités", la campagne aura également un écho auprès du grand public, puisque les affichages seront publiés par voie de presse et sur les réseaux sociaux. Un site internet dédié a en outre été mis en ligne.

Soulever les incohérences

"Nous voulons interpeller une nouvelle fois le gouvernement et lui dire : 'prenez bien en considération nos entreprises dans vos réformes'", souligne Alain Griset. "Ce n'est pas le combat des grands contre les petits", nuance le président de l'U2P, qui estime que les ETI et les grands groupes ont "toute leur place" dans le paysage des entreprises.

L'objectif est bien de faire prendre conscience des moyens (humains et financiers) et besoins des TPE et PME. Et de "restaurer la confiance". "Nous demandons simplement d'avoir des règles compatibles avec la taille de nos entreprises. C'est simple : dès qu'un dispositif entre en vigueur, s'il est trop complexe, nous ne sommes pas concernés", développe le président de l'U2P.  

"Les ministres sont sensibles à nos valeurs, ils nous disent souvent qu'ils nous aiment... mais les preuves d'amour, elles, nous ne les avons pas", déplore Alain Griset. Avant toute chose, l'U2P réclame l'équité fiscale et la simplification, face à un gouvernement qui souffle le chaud et le froid... "On nous dit que les charges vont baisser, mais on nous impose le prélèvement à la source... On ne peut pas dire qu'on nous simplifie la vie", tance Alain Griset. L'U2P estime ainsi à 200 € le coût moyen supplémentaire par salarié engendré cette année par le PAS (jusqu'à 1.000 euros de plus pour les entreprises de plus de 10 salariés).

"Si le gouvernement veut le plein emploi, il lui faut être cohérent. "

Alain Griset, président de l'U2P

"Un choix de société"

La liste est longue des autres "terrains" d'injustice : baisse de l'IS plus conséquente que celle de l'IR et IRPP, coût du contrat pour les apprentis, concurrence déloyale des microentreprises (non génératrices d'embauches), paritarisme dans les entreprises et dans les institutions (les règles étant plus favorable aux grands groupes), ou encore calcul des retraites... 

Entre autres revendications, l'U2P réclame des efforts plus conséquents sur le droit à l'erreur, la pérennisation des dispositifs de primes défiscalisées et désocialisées pour les petites entreprises ou encore pour la réduction du plafond de TVA pour les micro-entreprises. 

Le tout dans un climat de "fracture territoriale", dont la crise des gilets jaunes est devenue un emblème... A l'occasion du Grand Débat national, l'U2P a organisé 42 rencontres dans les territoires, à l'origine de 54 propositions transmises à l'exécutif et toujours d'actualité.

"La confiance, la justice fiscale, sociale, doivent être restaurés", implore donc le président de l'U2P, qui invite les dirigeants à "faire un choix de société" : "celle où se développent les entreprises de proximité ou celle où se multiplient les grandes structures qui créent des déserts...". 

stagiairesu2p.fr

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