Conférence

CMA France : une rentrée sereine en attendant des éléments concrets

Le 03/09/2020
par Sophie de Courtivron
Juste avant la présentation du plan de relance du gouvernement de 100 milliards d’euros - ce jeudi 3 septembre -, CMA France a fait un point sur ses chantiers en vue d’une relance durable de l’économie de proximité. Si les artisans ont résisté à la crise, ils ont besoin d’aides ciblées pour faire face à un avenir incertain.
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Julien Gondard, directeur général de CMA France, et Joël Fourny, président de CMA France, entourés de journalistes à l'occasion de la conférence de rentrée du 2 septembre 2020.

"Nous sommes confiants, le ressenti de l’ensemble du territoire est plutôt positif", affirme Joël Fourny, président de CMA France. L’artisanat, dont les valeurs (lien social, produits locaux, made in France…) ont été plébiscitées pendant et après le confinement résiste "plutôt bien" à la crise. La reprise est même "assez rapide, sur l’ensemble du territoire". L’apprentissage, contre toute attente, n’est pas en reste.

Des "mesures complémentaires" attendues

Acteur majeur de l’apprentissage, le réseau des CMA forme 100.000 jeunes à 250 métiers dans les 112 CFA du territoire. Sous l’impulsion de la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, l’apprentissage a connu "un élan en 2019, avec un nombre considérable de jeunes venus par choix, et pas par défaut", pointe Joël Fourny. Les chiffres de la rentrée 2020 s’avèrent moins pessimistes que les prévisions établies. À début septembre, la baisse du nombre d’apprentis se situerait "seulement" entre - 5 et - 10 %, sachant que la rentrée n’est pas finie. "Les entreprises artisanales ont pris conscience qu’il fallait continuer à former, former la relève et assurer l’employabilité." Malgré tout, 30.000 jeunes sont en attente de la signature d’un contrat et 20.000 entreprises n’ont pas trouvé d’apprenti. Si cela peut s’expliquer par les différences sectorielles ou encore le délai élargi à six mois pour trouver une entreprise, Joël Fourny se dit "confiant" tout en précisant qu’"il faut amener le gouvernement à prendre des mesures complémentaires". Des mesures notamment destinées à rassurer les entreprises qui manquent de visibilité. Il travaille ainsi par exemple à convaincre les responsables politiques d’autoriser le transfert de contrat, sans rupture du contrat de travail. Cette formalité juridique serait une "solution de continuité" permettant à tout jeune de changer d’entreprise "en cas de difficultés financières dans son entreprise". Des difficultés que le gouvernement doit spécifiquement s’atteler à prévenir.

"Pendant la crise, chaque consommateur s’est rendu compte qu’il avait un artisan auprès de lui", Joël Fourny, président de CMA France

Le plan de relance, des attentes fortes

Lors du confinement, les chambres de métiers et de l’artisanat ont géré 1,5 million de contacts en soutien aux besoins des entreprises artisanales ; disséminées sur tout le territoire, elles ont assuré et assurent une veille permanente (c’est d’ailleurs CMA France qui gère le site aides-entreprises.fr). De cette proximité, sont nées 12 propositions formulées par le réseau pour une relance durable de l’économie de proximité et de l’artisanat. Les TPE artisanales restent inquiètes quant au plan de relance. "Elles ont besoin d’éléments précis." Par exemple, comment sera financée l’aide à la digitalisation ? Bénéficiera-t-elle aux intermédiaires accompagnant les entrepreneurs ou sera-t-elle versée directement aux entreprises ? Et le soutien à l’aéronautique, concernera-t-il toute la filière via "des mesures particulières pour la sous-traitance industrielle" (précisons que 80% des entreprises de sous-traitance industrielle relèvent de l’artisanat ?

La manière dont seront accompagnées financièrement les entreprises artisanales reste aussi très préoccupante. "Quelles seront les garanties financières qui permettront aux entreprises d’avoir une bonne reprise économique ? (…) Quels supports seront mis en place pour qu’elles puissent pérenniser leur activité ?", s’interroge Joël Fourny. Les TPE vont devoir rembourser les charges fiscales et sociales reportées ; parmi les aides à leur disposition, le Prêt garanti par l’État (PGE), auquel elles ne sont que 30% à avoir souscrit. "Est-ce qu’on doit appliquer un taux quand on sait que les banques empruntent à un taux négatif ? Je plaide pour un PGE à taux zéro [après un an]", insiste Joël Fourny, qui a lui-même demandé un PGE pour préserver sa trésorerie. "Nous allons interpeler le ministre là-dessus."

Depuis le début de la crise, le réseau des CMA est "le bras armé du gouvernement". "Le gouvernement peut s’appuyer sur notre présence sur le territoire, il peut s’appuyer sur l’artisanat pour redonner du sens à la reprise économique." La confiance est-elle réciproque ? Les propositions de CMA France seront-elles prises en compte dans le plan de relance, "notamment sur le digital et le développement durable" ? La réponse orientera ses actions à venir…

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