Covid-19

Comment (re)gagner de la trésorerie ?

Le 29/05/2020
par Propos recueillis par Julie Clessienne
La crise sanitaire a fragilisé les petites entreprises. La maîtrise de sa trésorerie est devenue, plus encore qu’à l’accoutumée, un élément stratégique. Associée du cabinet Horkos Avocats à Lyon, Maître Aurélie Dubois, spécialisée dans le conseil et l’accompagnement des dirigeants d’entreprise, détaille les solutions à portée de main.
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En cas de souci de trésorerie, quels sont les premiers leviers à actionner pour un artisan ?

Le fonds de solidarité mis en place par l’État est dédié aux entreprises des secteurs les plus impactés, à savoir ceux ayant fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public (même si une activité résiduelle telle que la vente à emporter était en place) ou ayant subi une perte de chiffre d’affaires mensuel de plus de 50% par rapport à 2019. La somme est forfaitaire. Seules sont éligibles les entreprises employant entre zéro et dix salariés et générant un chiffre d’affaires annuel de moins d’un million d’euros, ainsi qu’un bénéfice annuel imposable inférieur à 60 000 €. Les entreprises qui connaissent le plus de difficultés pourront obtenir, au cas par cas, une aide complémentaire auprès des Régions. Attention, dans tous les cas, les demandes d’aides sont à former dans des délais stricts.

De plus, pour préparer la reprise d’activité, la trésorerie peut (et doit) être renforcée de façon efficace par le prêt garanti par l’État (à taux zéro si remboursé sous un an), pouvant s’élever à 25 % du chiffre d’affaires. Un maximum d’entreprises pourra y être éligible. Prenez contact avec votre banquier habituel pour savoir si vous pouvez en bénéficier.

Et les solutions pour préserver la trésorerie restante ?

Initialement, l’État a mis en place le gel du paiement des charges fiscales (hors TVA) et sociales dues en mars, avril et mai. Dernièrement, l’exonération des charges sociales pour toutes les entreprises de moins de dix salariés et contraintes de fermer pendant la période de confinement a été confirmée. Est également prévu, pour le même type d’entreprises que celles éligibles à l’aide étatique, un gel automatique (avec report) des loyers et factures de fluides afférents aux locaux professionnels. Des solutions amiables sont à négocier pour les entreprises plus importantes.

S’agissant des banques, pas de gel automatique ; toutefois, pas de panique ! L’ordonnance 2020-306 devrait permettre de ne pas être immédiatement sanctionné en cas d’échéances de prêts impayées à compter du 12 mars (sous réserve de règlement avant 24 septembre 2020).

Quels sont les écueils à éviter alors que ces décisions doivent se prendre dans l’urgence, dans un contexte inédit ?

Ils existent deux écueils à prévenir absolument :

  • Dégrader les relations avec vos partenaires habituels (banque, bailleur, fournisseurs…) : les discussions et solutions amiables sont à privilégier. Tous les acteurs économiques sont à l’écoute de solutions constructives. Attention également aux défaillances en chaîne et "contagions" (vos difficultés peuvent compromettre vos partenaires – bailleur, fournisseurs, sous-traitants… – et se durcirent à terme).
  • S’endetter de façon excessive : dans ce cas, des procédures de réaménagement de dette via des spécialistes (avocats intervenants en la matière ou administrateurs judiciaires notamment, sous la protection du Tribunal de commerce) pourront être envisagées pour sécuriser l’avenir.

Vers quels interlocuteurs un artisan doit se tourner pour être orienté dans ses démarches ?

Surtout ne restez pas seul et agissez rapidement : contactez vos conseillers habituels (avocat ou expert-comptable) et votre chambre de métiers et de l’artisanat, qui disposeront de la plupart des réponses à vos questions.

À défaut, des professionnels spécialisés en retournement et restructuration (experts-comptables et avocats spécialisés) pourront vous aider à vous en sortir. L’essentiel est de vous faire accompagner le plus rapidement possible, pour adapter au mieux le traitement !

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